En 1949, le jeune journaliste Gabriel García Márquez est envoyé par son rédacteur en chef sur les ruines de l'ancien couvent de Santa Clara, dont on est en train de vider les cryptes. Il tombe sur un monticule d'ossements, d'oů émerge l'interminable chevelure couleur cuivre d'une enfant. La tombe de la fillette porte le nom de Sierva María Todos los Angeles. Le reporter est ŕ la fois stupéfait et impressionné par ce spectacle qui le renvoie ŕ une histoire que sa grand-mčre lui racontait, celle de la petite marquise de 12 ans, morte de la rage. L'idée que cette sépulture était peut-ętre la sienne germe dans son esprit, l'imagination du romancier fera le reste. Prčs d'un demi-sičcle plus tard, García Márquez n'a pas oublié l'aventure, et Sierva María est devenue l'héroďne de son dernier roman. Fille d'un noble et d'une roturičre qui avait Ťle cul plus grand que le corpsť, la petite est mordue par un chien contaminé par la rage. On attend pendant des semaines que la maladie se déclare. Elle se manifeste un beau jour par des crises de folie. Sont-elles dues au chien ou ŕ la mčre de l'enfant, apparemment beaucoup plus atteinte que l'animal? Folle, possédée: on accuse Sierva de tous les maux et le seul refuge reste le couvent, oů l'on tentera vainement de la calmer. Dans ce récit, l'imaginaire prend le pas sur le quotidien et les mots servent les démons.